Jerez

S’il est une capitale où les cavaliers y trouvent leur bonheur c’est bien Jerez. Avec la Yeguada de la Cartuja (l’élevage des chevaux dits de race espagnole) et l’école royale andalouse d’art équestre la ville a hérité des WEG 2002. Derrière ce sigle « cabalistique » se trouve World Equestrian Games. Tout la crème de ce que le monde équestre compte de disciplines (sauts d’obstacles, dressage, attelage, rallye, endurance…) se réunira dans cette ville bizarrement constituée. Ni belle, ni affreuse, Jerez est une ville de clivages où grande bourgeoisie côtoie petite gitanerie que l’on feint d’accepter sous le vernis du folklore, où l’on a monté en épingle le vin et le cheval pour mieux les magnifier en les classant dans la rubrique patrimoine. Il ne faut pas oublier pourtant que Miguel Primo de Rivera, autocrate notoire et fils du créateur de la phalange, y naquit. Aujourd’hui la place de l’Arenal en plein cœur de la ville garde le souvenir de cette triste époque avec une statue équestre du plus mauvais goût. La vieille ville autour des places San Mateo offre en revanche un bel aperçu de l’Espagne comme on l’imagine. Petites ruelles resserrées, grilles aux fenêtres, églises de style plateresque. Jerezde la Frontera s’enorgueillit également d’une fille célèbre : Lola Flores. La Dalida espagnole du Flamenco sans la sauce seventies qui vaut à la plus française des Egyptiennes une certaine sympathie de la part de son public. Lola Flores est au flamenco ce que Weight Watchers est aux méthodes de régimes. Un produit marketing que l’on achète pour se rassurer. Alors, si l’on suit au pied de la lettre l’antienne des critiques de cinéma (il faut du De Funès pour permettre à Godard de faire des films) on se contentera de dire que Lola Flores et ses jupes froufroutantes permettent d’apprécier Terremoto, Agujetas, Fernanda y Bernarda de Utrera, Ramon Montoya, Camaron de la Isla et autres Carmen Amaya. Sur la route du sud Jerez représente une étape et ne prétend pas à grand chose de plus.