Guide Voyage Séville - Andalousie - KARAVEL
 

Séville et l'Andalousie

Les indispensables

L’Andalousie a beau se situer à quelques tirs d’ailes des capitales d’Europe, elle fascine encore beaucoup. Porte d'une Europe convoitée, on croit souvent la connaître dans les moindres détails de son triangle d’or : Séville, Cordoue, Grenade. Pourtant, même si ses plages attirent les plus grandes fortunes des pays du Golfe, connaît-on pour autant les grandes plages désertiques des environs de Huelva ou de Jerez ? Si la magnificence et l’aboutissement jamais dépassé des constructions nasrides de Grenade figurent sur nombre de revues de papier glacé, connaît-on pour autant les monastères et couvents d’Antequerra, dont le recueillement permet presque de se croire aux premières heures de la Chrétienté ? On pourrait multiplier à loisir les exemples d’une terre si riche et si hospitalière. Longtemps refuge de toutes les confessions, c’est sur son sol que les plus belles pages de l’histoire médiévale ibérique ont été écrites. La terre est à l’Andalousie ce que les volcans sont à l’Islande. Une réalité, une présence à la fois mais aussi une nécessité. Inculte, lessivée et hostile elle a forcé, à Málaga comme à Almeria, l’homme à se tourner vers son littoral. Fertile, féconde et guerrière c’est sur cette terre que les plus valeureux (?) taureaux de combat s’épanouiront pendant trois ans avant de mordre la poussière dans une arène locale ou nationale. La terre est encore présente lorsqu’elle s’allie au soleil pour magnifier la diète méditerranéenne et l’importer sur nos tables. La terre promise, c’est encore elle que ses fils iront chercher en Amérique du sud. Car l’Andalousie n’a pas été toujours un paysage de carte postale à la vie nonchalante. Terre de brigands et de tous les trafics, l’Andalousie a longtemps été la province la plus rurale et la plus pauvre de la péninsule. Terre d’exode, si les Romantiques ont commencé à la médiatiser ou, peut-être, à l’idéaliser, elle n’a le vent en poupe que depuis les années 80. Lorsqu’un certain andalou du nom de Felipe González monte au pouvoir. Quelque soit le destin et la gabegie qu’aura suscité l’Expo 92 de Séville, l’événement aura permis à l’ensemble de l’Andalousie d’être plus présentable. Les infrastructures subissent un sérieux coup de fouet à grands renforts d’aides de la BERD. Les drastiques critères de convergence de l’Union Européenne achèveront le travail. Aussi certains lui reprocheront d’avoir changé trop vite. Peut-être. Mais l’Andalousie reste pourtant Andalousie et ses habitants conservent leur fierté chevillée au corps. D’ailleurs, comment peut-elle mieux s’exprimer que pendant les Férias du printemps et de la Semaine Sainte qui, depuis des lustres, alignent les mêmes coutumes et le même décorum ? Pour autant aussi habitué que l’on puisse être, on ne peut rester indifférent à ce spectacle unique, à la marée humaine qui se lève et veille pour porter ou seulement toucher la statue de sa paroisse. Unique comme la veine des gitans dont une nouvelle frange ne se cantonne plus seulement à pousser une complainte sur un rythme de guitare. La jeune génération a désormais pris le parti de poser leurs revendications autant sur la scène politique que culturelle. Séjourner en Andalousie, c’est s’ébahir encore sur des petites choses simples comme les jeux d’ombre et de lumière des façades blanchies à la chaux, les reflets des arabesques du Coran dans l’eau des bassins, l’odeur si tendre d’un fino bien frais. La magie de l’Andalousie, c’est sûrement la faculté déconcertante que met cette terre à n’être ni totalement européenne, ni totalement orientale : tellement elle-même.

 

 

Guide pays


Pratique