Guide Voyage Séville - Andalousie - KARAVEL
 

Séville et l'Andalousie

Visites

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L'Alhambra.

Monument de l'histoire de l'humanité s'il en est, l'Alhambra a sûrement fait couler autant d'encre que les pyramides égyptiennes, la tour de Pise ou les temples d'Angkor. Pourtant ce site, témoin de la décadence de l'empire nasride, remporte toujours un franc succès. Tout simplement beau et émouvant. Car on ne peut être passif devant la délicatesse des stucs, le cache-cache constant entre l'air et la pierre, les arabesques qui se mirent dans la transparence des bassins ou les forêts de dentelles en pierre. Pourtant cette forteresse campée sur la colline de la Sabika a bien failli passer au rang des illustres ruines. On doit l'Alhambra (ou château rouge en arabe) à la dynastie nasride qui du XIIIe siècle au XIVe siècle transforma une médina en palais forteresse. Muhammad II, puis Yusuf Ier (première moitié du XIVe siècle) en furent les principaux bâtisseurs. Les successeurs de la dynastie n'auront de cesse d'embellir, dans un même style, les bâtiments. Même les Rois Catholiques, qui prennent possession du lieu en 1492, demandèrent à des artistes et artisans musulmans de rajeunir la décoration. Seule réelle modification effectuée par ces derniers, la mosquée, signe hautement symbolique, disparaît au profit d'une église et d'un couvent qui vient établir ses quartiers dans l'enceinte grenadine. Seul un pan de mur du palais nasride aura été abattu pour permettre la construction du palais Carlos V, aujourd'hui transformé en musée des beaux-arts. C'est au XVIIIe siècle que le site a tremblé. Soudards, pilleurs et mendiants investissent les palais jusqu'à ce que les généraux napoléoniens y débarquent leurs troupes. L'Alhambra (s'il le fallait) a retrouvé des couleurs grâce aux premiers romantiques qui s'offrirent quelques frissons en popularisant une Espagne jusqu'alors méconnue en Europe. C'est ainsi que, pour les besoins des Contes de l'Alhambra, Washington Irving y séjourna. L'Alhambra est un lieu chargé d'émotion... et de visiteurs.

L'Alhambra est constitué de plusieurs bâtiments, seuls les palais nasrides sont assujettis à une entrée limitée dans le temps.

La Puerta de la Justicia. Même si la porte est monumentale, elle rappelle les canons de construction des forteresses arabes, elle s'organise en chicane afin de rendre l'entrée moins aisée aux oppresseurs. Notez également la main de Fátima qui préside sur la clef de voûte de l'arc.

L'Alcazaba. Il s'agit de la partie peut-être la moins intéressante mais à la fois la plus vieille du site. Cette forteresse construite au XIIIe siècle s'inscrit dans un système de 24 tours reliées entre elles. Ces dernières offrent de superbes points de vue sur la ville. Certaines, à l'instar de la torre del Homenaje (la tour de l'hommage), possèdent un étage d'habitations. Le long du mur sud, on trouve un jardin grand comme un mouchoir de poche. Il s'agit du Jardin de los Adarves, également appelé "le jardin des poètes", excellent avant-propos à la féerie des jardins du Generalife.

Les palais nasrides

Sala del Mexuar (la salle du Méchouar). Cette salle du conseil se remarque par son appareil discret mais efficace de yeserias, d'azulejos et de bois décoré. Le plafond d'inspiration mudéjar et la tribune rappellent que cette salle du conseil a été transformée en 1629 en chapelle. On peut également relever la présence de quelques azulejos de Séville et des plâtres datant de l'époque de Muhammad V.

Après avoir franchi le patio, le parcours débouche dans le cuarto Dorado (ou chambre dorée) et le cuarto de Comares dont l'entrée constitue l'un des premiers chefs-d'oeuvre d'ébénisterie.

Patio de los Arrayanes (la cour des Myrtes). L'une des plus belles cours du site. Le patio s'organise autours de deux bassins. Deux pièces d'eau qui apportent profondeur, calme, sérénité et jeux entre les différents matériaux comme le marbre ou les corniches de bois. Le palais de Charles Quint fait écho au puissant bastion de Comares. Sur le flanc du premier, on peut voir parfaitement les petites ouvertures qui, jadis, accueillaient les jalousies de l'ancien harem. Sur la façade du second se dessinent de très belles arcades parfaitement ouvragées qui donnent accès à la "salle de la barque" qui doit son nom à son toit en bois de cèdre en forme d'intérieur de bateau.

Sala de los Embajadores (la salle des Ambassadeurs). Ce palais que Yusuf Ier voulu avec ses onze mètres carrés de côté servait de lieu de réception des émissaires et délégations officielles. On y trouve également une coupole en bois de cèdre remarquable dont la voûte présente une surface étoilée. Arabesques et entrelacs se répondent dans une touchante harmonie en hommage à certains versets du Coran.

Patio de los Leones (la cour des Lions). Autour d'une fontaine supportée par douze lions se déroule une galerie d'une finesse incroyable. Les arcatures sculptées sont soutenues par de fines colonnes en marbre blanc. Les murs sont également sculptés selon une technique qui, selon les spécialistes, aurait été crée pour l'occasion. Les stucs moulés révèlent une variété aussi infinie qu'extrême.

Sala de los Abencerrajes (la salle des Abencerages). C'est dans cette salle éponyme que Boabdil aurait rendu le châtiment dernier à une famille de Grenade. On la remarque pour sa coupole dont les motifs ressemblent à s'y méprendre avec des stalactites.

Sala de los Reyes (la salle des rois). Jadis salle de repas ou de tribunal, son intérêt réside désormais dans les peintures sur cuir que les historiens scrutent avec attention. Elles représentent, sans avoir toutefois une grande valeur technique, les premiers membres de la dynastie nasride.

Sala de las dos Hermanas (la salle des deux soeurs). Ces deux grandes salles aux dalles en marbre blanc se situent sur l'un des côtés de la cour des lions. On y trouve encore azulejos et stucs ainsi qu'une grille en bois tourné.

Cuarto del Emperador (la chambre de l'Empereur). Avec un peu de chance, cette chambre de l'empereur sera ouverte à la visite. C'est, entre autres, dans cette dernière que Washington Irving y écrivit ses plus célèbres pages.

Patio de la Reja (la cour de la Grille). On peut jouir d'un panorama grandiose sur la ville depuis les galeries (Albaicín, Darro, Sacromonte...).

Les bains de Comares. L'une des pièces majeures et essentielles de l'Alhambra. Tout le décorum des bains, dans la plus pure tradition musulmane, y figure. Les décors ornent les murs de la salle des lits (ou salle de repos). Les salles, comme à leur accoutumée, ont les voûtes percées de petites étoiles qui filtrent avec application la lumière. Si elles ont perdu leurs plaques d'albâtre et leur verres teintés, l'illusion est toujours du meilleur effet.

Les jardins de l'Alhambra (ou jardines del Partal) constituent une visite à part entière. Il s'agit d'un jeu constant entre la végétation, la lumière et l'eau. Avec la précision qu'artistes et artisans musulmans mettaient dans leur travail de la pierre, les jardiniers (même si les jardins ont été très sérieusement "rénovés") ont joué avec une palette de senteurs et de couleurs variées. Les bassins apportent une légèreté toute orientale aux compositions végétales et témoignent fidèlement de la parfaite maîtrise de cet élément. Au pied de la tour del Mihrab, on trouve une petite mosquée construite à l'époque de Yusuf Ier. D'autres constructions comme les tours de los Picos, del Cadi ou de la Cautiva ponctuent cet enchevêtrement de branches disciplinées. Il faut sans trop d'explications s'y perdre, y revenir et laisser agir la magie de l'architecture.

Le Generalife (Djennan al-Arif ) fait partie de cet ensemble de jardin même si, physiquement, le palais se situe à quelque mètres en amont de l'enceinte de l'Alhambra. Il a été conçu à l'époque comme une résidence d'été des émirs nasrides. Deux corps de bâtiments entourent les bassins et les multiples jets d'eau. Ils ont été construits au début du XIVe siècle. Les chemins conduisent au patio de los Cipreses (cyprès) dont les longs candélabres effilés sont égayées par quelques boutons de rose. En longeant l'Escalera del Agua, on retrouve l'entrée ou patio de la Acequía. Un dédale de buis d'arums et de pensées. Pour entretenir l'ensemble des jardins, une armée de jardiniers sont à pied d'oeuvre. Beaucoup d'aficionados viennent d'ailleurs étudier les jardins au même titre que les étudiants d'architecture viennent croquer les arcades des bâtiments.

Il convient de prendre tout son temps pour apprécier pleinement l'Alhambra. S'il vous en reste encore un peu,  le point de vue qu'offre le parador San Francisco vaut le détour. Cet ancien couvent fondé par les rois catholiques en 1495 accueillait leurs dépouilles mortelles avant que ne soit construite la chapelle royale.

Le musée des Beaux-Arts.

Véritable symbole de l'assise chrétienne après la Reconquête, le palais de Charles Quint abrite aujourd'hui le musée grenadin des Beaux-Arts. Construit en 1526, par Pedro et Luis Machuca, il témoigne avec fureur de la Renaissance et n'est pas sans s'inspirer des grandes constructions de l'Empire romain. Il convient de remarquer dès l'entrée les portails ornés de reliefs. Les guirlandes de fruits et de fleurs, les angelots et autres chérubins signalent d'emblée l'influence toscane ou romaine. La cour intérieure est plus simple et la première galerie d'ordre dorique.

Le musée proprement dit présente une collection classée de manière chronologique et principalement axée sur les oeuvres de l'école grenadine des XVe et XVIe siècles. En sculpture, on note par exemple une très fine Vierge à l'enfant réalisée au XVème par Roberto Alemán. En peinture, une Mise au tombeau de Francisco Sánchez ainsi que le Triptyque du Grand Capitaine de Léonard Pénicaud, références en la matière.

La deuxième salle offre un bon panorama de la peinture pieuse. Le Couronnement de la vierge de Fray Juan Sánchez et les stalles sculptées du couvent de Santa Cruz de la Real font office d'introduction en matière de peinture pieuse puisque de nombreux religieux versaient dans la peinture. Le XVIIe siècle apparaît sous le pinceau de fray Juan de Sevilla, d'Alonso Cano et Pedro de Moya. On doit d'ailleurs à ces deux derniers une remarquable Tête de saint Jean de Dieu. Le salon de la cheminée italienne fait figure de bizarrerie dans l'ensemble des oeuvres présentées, mais donne néanmoins une idée précise du type de décoration (tapisseries de Bruxelles et marbres polychromes) propre à lépoque de Charles Quint et de la construction du palais.

Les autres pièces plus contemporaines (des XIXe et XXe siècles) versent dans un romantisme teinté de drame mais n'ont pas le relief des précédentes.

La cathédrale et la chapelle royale.   

L'édifice de style gothique fleuri a été conçu par l'étude de l'architecte Enrique de Egas en 1523. Diego de Siloé prend le relais et réoriente l'édifice vers un style plus Renaissance. A l'origine, l'idée était d'y installer les dépouilles des Rois Catholiques. Acte symbolique à nouveau. C'est dans la dernière ville musulmane a avoir tenu tête à la monarchie chrétienne que l'on installe le sanctuaire. Charles Quint voulu honorer les rois en construisant une autre basilique mais faute de moyens, il se limita à embellir la façade principale. C'est d'ailleurs le seul élément remarquable de l'édifice, l'intérieur étant plus digne d'intérêt que l'extérieur. L'intérieur mérite davantage d'intérêt. Les dimensions en imposent déjà : 115 m de long sur 67 de large. Les murs chaulés, les reliefs des piliers et les voûtes Renaissance lui donnent une ampleur non négligeable accentuée par une rangée de colonnes corinthiennes. Tout autour de la nef sur les bas côtés sud et nord, on trouve toute une série de chapelles dotées, pour certaines, de retables ou de peintures comme la Vierge des pardons de Francisco Hurtado Izquierdo. Également quelques oeuvres d'Alonso Cano, de Ribera et du Greco.

Mais la pièce principale est bien la chapelle majeure. Réalisée selon un plan circulaire, on remarque sur les colonnes du premier plan les statues des Apôtres, saint Paul et saint Pierre. Viennent ensuite plusieurs séries de peintures de Pedro Anastasio Bocanegra, Juan de Sevilla et Alonso Cano. Pedro de Mena a réalisé les statues orantes des Rois Catholiques. On remarquera non sans une certaine intention qu'Eve et Adam contemplent les dépouilles. Le décorateur aurait-il voulut balayer d'un revers de manche la face peu glorieuse de la Reconquête ?

Adossée au bas-côté sud, se trouve la chapelle royale qui continue à jouer un rôle important dans le coeur des Espagnols. Une petite nef donne sur deux chapelles latérales. L'une renferme une Vierge de la pitié et un Ecce omo de Risueño. La principale grille plateresque du maître Bartolomé est remarquable pour les scènes de la vie du Christ et la crucifixion mimée par de petits bonshommes en or. Tout le monde s'y presse pour contempler le mausolée des souverains. A gauche des augustes gisants, on trouve également le cénotaphe de Philippe le Beau et Jeanne la Folle. L'un comme l'autre réalisés en marbre de Carrare vers 1517-20. Au dessus du maître autel, un retable de Iacopo l'Indaco et de Philippe Vigarny où sont représentées les scènes de la prise de Grenade.

Le musée de la chapelle royale est une surprise de plus dans la visite de cette cathédrale au demeurant peu accorte de l'extérieur. Il abrite les oeuvres de la collection d'Isabelle la Catholique.  Mais aussi une vitrine contenant les attributs royaux (sceptre, couronne, épée du roi Ferdinand). et une autre renfermant les coffrets à bijoux de la dame ainsi qu'un magnifique missel décoré de miniatures par Francisco Flores.

On arrive ensuite aux sections réservées aux peintures flamandes. Parmi tant d'autres, une Nativité de l'école de Memling, un Saint Jérôme anonyme, un triptyque représentant la Descente de la croix. La collection monte progressivement crescendo en intensité grâce à la présentation d'une Vierge de pitié et d'une Nativité de Van Der Weyden et plusieurs oeuvres de Memling dont un retable.

Le monastère San Jerónimo

Le couvent des hiéronymites, ou adorateurs de l'ordre de Saint-Jérôme, a été créé peu après la Reconquête. Fondé en 1496, il ne sera achevé réellement que 51 ans plus tard. L'impulsion d'une telle création est due à la veuve du Grand Capitaine qui débloqua les fonds nécessaires pour y accueillir la sépulture de Gonzalve de Cordoue. A l'instar de nombreux bâtiments de la ville, le monastère de style gothique sera terminé dans le style Renaissance. Pour ce faire, on choisit donc Diego de Siloé qui fut remplacé par Iacopo Florentino. Deux cloîtres forment la structure du monastère. Le premier de style gothique tandis que le second est un mélange de styles : gothique, mudéjar et Renaissance. La partie la plus remarquable du monastère est l'intérieur. La nef de l'église, son ampleur et ses voûtes où se chevauchent animaux fantastiques, saints et anges lui donne un caractère certain. Le grand retable polychrome de Lazaro Velasco, Juan de Aragón et Pedro de Raxis, entouré des statues des mécènes (le Grand Capitaine et son épouse), est la pièce maîtresse de cet édifice.

Le Monastère de la Cartuja

C'est une nouvelle fois aux largesses du Grand Capitaine que l'on doit ce monument coincé parmi les constructions modernes de Grenade. Ce monastère de moines chartreux a été établit en 1507. Le magnifique portail plateresque ouvre sur une reposante cour plantée d'orangers. De nombreuses cellules de moines ont disparu, mais on y trouve encore le réfectoire qui dispose, sous une voûte gothique, d'une belle collection de peinture retraçant la vie de saint Bruno. Une Cène de fray Juan Sánchez Cotán complète le panorama didactique dont jouissaient les moines pendant leur repas. Les salles suivantes, celles des saints Pierre et Paul, la salle capitulaire et la galerie présentent diverses oeuvres tantôt de Sánchez Cotán, tantôt de Vicente Carducho. Mais l'on vient au monastère pour tout autre chose. L'intérêt principal est l'église dont le style churrigueresque (d'un baroque ampoulé) ne trompe pas. Trois espaces séparent les fidèles dans la nef. Une porte de bois à incrustation de nacre, de marbre et d'argent sépare les deux dernières parties, celle des convers et des moines tandis que la première était consacrée aux laics. On y trouve une Sainte Famille et un Baptême du Christ que l'on doit au prodige du monastère, fray Juan Sánchez Cotán. Tous les regards se pressent vers le Saint des Saints (ou chapelle du saint sacrement). La débauche des détails de ce baroque bien léché est du à Francisco Hurtado Izquierdo qui donne vie aux plans couchés en 1704. Sur la coupole, on trouve une allégorie en trompe l'oeil de Palomino et Ruiseño représentant saint Bruno. Les statues de saint Joseph, saint Jean Baptiste, saint Bruno et Marie Madeleine sont disposées entre des colonnes de style corinthien. Reste une débauche de stucs, de marbres polychromes et d'ors qui complètent le tout. Au centre, on trouve le tabernacle autour duquel a été construite la chapelle. Ce dernier bordé par quatre figures allégoriques dorées est "chapeauté" par une évocation de la Foi toujours dans le même registre. Le tabernacle proprement dit est somme toute assez décevant. En bois, tout simplement. Mais il ne s'agit pourtant pas de l'original qui a été ravi par les troupes napoléoniennes dans la première moitié du XIXe siècle. La sacristie ne dépareille pas dans ce édifice au style surchargé : meubles en ébène à incrustation et carreaux de marbre blanc et noir. Des corniches et moulures encadrent avec peu d'élégance les fresque de Tomás Ferrer.

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